Francis Ponge a écrit: ( Page 1 )
Franz Kafka a écrit: ( Page 1 )
" C'est alors qu'enseigner l'art de résister aux paroles devient utile,
l'art de ne dire que ce que l'on veut dire : apprendre à chacun l'art
de fonder sa propre rhétorique est une œuvre de salut public..."
" La parole est une aile du silence..."
Pablo Neruda
Le risque de se livrer à l'inessentiel est lui-même essentiel...
Tes descriptions commencent au moment supposé où, le monde
étant accompli, l'histoire achevée, la nature presque rendue humaine,
la parole vient au-devant de la chose et la chose apprend à parler...
Là où la légèreté nous est donnée, la gravité ne manque pas...
L'écriture automatique est une machine de guerre contre la réflexion et
le langage. Elle est destinée à humilier l'orgueil humain, particulièrement
sous la forme que lui a donné la culture traditionnelle. Mais, en réalité,
elle est elle-même une aspiration orgueilleuse à un mode de connaissance
et elle a ouvert aux mots un nouveau crédit illimité...
Tu surprends ce moment pathétique où se rencontrent,
sur la lisière du monde, l'existence encore muette et
cette parole, on le sait, meurtrière de l'existence...
Le langage n’existe pas, mais fonctionne...
Moins pour dire que pour ordonner...
Ce qui rend possible le langage, c’est qu’il tend à être impossible...
L’écriture ne commence que lorsque le langage, retourné
sur lui-même, se désigne, se saisit et disparaît...
" Vieil océan, ta forme harmonieusement sphérique, qui réjouit
la face grave de la géométrie, ne me rappelle que trop les petits
yeux de l'homme, pareils à ceux du sanglier pour la petitesse, et
à ceux des oiseaux de nuit pour la perfection oculaire du contour..."
Lautréamont
L’image, à première vue, ne ressemble pas au cadavre, mais il
se pourrait que l’étrangeté cadavérique fût aussi celle de l’image...
...
Écrire, c'est prendre en charge l'impossibilité d'écrire, c'est, comme
le ciel, être muet, "n'être écho que pour le muet" ; mais écrire, c'est
nommer le silence, c'est écrire en s'empêchant d'écrire...
Et maintenant, au sein de l’œuvre, attendant l'approche d'un
lecteur - de n'importe quel lecteur, profond ou vain - repose
silencieusement la même interrogation, adressée au langage,
derrière l'homme qui écrit et lit, par le langage devenue littérature...
Kafka a peut-être voulu détruire son œuvre, parce qu'elle lui
semblait condamnée à accroître le malentendu universel...
Comment détruire, lorsque la destruction est la même chose que
ce qu'elle détruit ou bien comme la magie vivante dont tu parles...
lorsqu'elle est destruction qui ne détruit pas mais qui construit ?